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                                                                                  Partie 3




Des anciennes carrières du 16ème au Grand Réseau Sud

Revenons à la quête de l’épisode perdu (ou tout du moins pas encore trouvé) au décor catacombesque, en espérant que ce ne soit pas des catacombes imaginaires. Un épisode de la série TV pouvait sembler un bon prétendant pour y découvrir des galeries des catacombes de Paris :

« Mission à Orly », diffusé originellement en France le 17 octobre 1965. Mais erreur sur toute la ligne, on aurait beau « passer et repasser le peigne de ses doigts écartés dans sa chevelure rase », pas le moindre petit bout d’os à se mettre sous la dent ! Pourtant avec les ossements de plus de 6 millions de parisiens [53] rassemblés sous Paris dans les Catacombes [54] , ce qui représente trois fois la population actuelle de la capitale, cela n’aurait pu échapper ! Il ne restait plus alors qu’à se plonger dans le visionnage des 4 DVDs dans leur intégralité, et cela fut avec un certain plaisir, trouble d’ailleurs : retrouver comme le parfum de sa première gorgée de bière, alors que c’était pourtant une véritable première fois. On constate aussi parfois combien la réalité des choses est bien différente de certaines images que le cerveau s’est construites par nostalgie et/ou grâce à son imaginaire, et tient pour acquises avec une foi inébranlable. Heureusement, il reste toujours quelque chose à apprendre même pour les meilleurs en leur domaine ; à chaque jour sa pierre de connaissance. Chacun pouvant et devant y participer en apportant un élément du puzzle, fut-il modeste, à l’édifice général de la connaissance, sauf peut-être des historiens patentés et dûment diplômés des facultés … enfin le croient-ils (voir à ce sujet la lettre de Paul Bahn ). Personne ne sait tout ; et paradoxalement le jour où l’on découvre que l’on n’a rien appris de la journée, c’est que malheureusement l’on est mort (suprême paradoxe).


En archéologie, la qualité n’est pas toujours du côté des professionnels

Vive l’amateurisme !

 

Lettre de Paul Bahn (archéologue et journaliste) publiée dans « La Recherche » n°351 (mars 2002), p.72-73 (rubrique « Sciences et société / Opinion ») :

Après une période initiale plutôt égalitaire, les archéologues se sont scindés en « professionnels » et « amateurs ».
 Bien qu’ils contribuent toujours énormément aux avancées du domaine, ces derniers sont souvent traités avec mépris et condescendance par les premiers.

Pourtant, le passé n’appartient à personne. Nul n’a le monopole de l’intérêt pour les vestiges archéo-logiques, ni de leur interprétation. Je voudrais dénoncer ici l’élitisme, le snobisme et l’exclusion dont sont porteuses ces relations entre « professionnel » et « amateurs », en me référant particulièrement à l’étude de l’art rupestre, que je connais bien.

L’archéologie est l’étude de toues les traces matérielles du passé humain, et elle couvre donc une large palette de sujets. Dans beaucoup de ces domaines, la distinction entre archéologue et non-archéologue n’est souvent pas pertinente. À quoi sert, par exemple, un diplôme d’archéologie pour l’étude de l’art rupestre ? Quand j’ai étudié l’archéologie à l’université, j’ai surtout appris à ne pas croire systématiquement ce que je lisais. Je n’avais pas besoin d’aller à l’université pour cela !

Qu’est-ce qu’un diplôme d’archéologie ? Il atteste que vous avez assisté à quelques cours, peut-être, et que vous y avez pris quelques notes ; que vous avez peut-être aussi lu quelques articles et quelques livres ; et même que vous avez réfléchi à leur propos et en avez restitué quelques éléments lors d’un examen. Mais cela ne donne pas la moindre indication sur votre intelligence, votre créativité, votre imagination, votre opiniâtreté ou votre originalité. Pourtant, beaucoup de « professionnels » pensent qu’un diplôme universitaire donne une sorte de droit à se placer au-dessus du commun des mortels.


Peu d’archéologues professionnels ont un diplôme en art rupestre.
Cela n’empêche pas
nombre d’entre eux
d’en parler doctement.

Quelques-uns y croient même tellement qu’ils éprouvent le besoin de prétendre qu’ils ont un diplôme ou un poste plus élevé qu’ils n’ont en réalité. Une telle supercherie, pleine de suffisance et d’autosatisfaction, est probablement causée par un complexe d’infériorité académique. Étant donné la valeur réelle des diplômes, elle est particulièrement risible. Comme l’a écrit Stephen Jay Gould : « Les diplômes supérieurs et les initiales après le nom ne garantissent pas le niveau élevé de la sagesse et […] en définitive, il n’y [a] rien de mieux que la lecture soigneuse selon la mode ancienne [1]. »

J’ai un doctorat en archéologie de l’université de Cambridge. Et alors ? Combien de cours d’archéologie parlent-ils d’art rupestre ? Vraiment très peu. J’ai bien suivi quelques cours sur l’art des grottes, mais les enseignants n’étaient pas des spécialistes, et aucun n’a même jamais mentionné qu’il existe de l’art rupestre ailleurs qu’en Europe. Donc, bien que je sois un archéologue « professionnel » parce que j’ai un doctorat en archéologie, je me considère comme un complet « amateur » en art rupestre. Je n’ai jamais fait de relevé dans un site d’art

. Je ne saurais d’ailleurs pas comment faire : même pour sauver ma vie, je serais incapable de dessiner. Et je ne suis pas un ca isolé : très peu de « professionnels » de l’art rupestre dessinent correctement.

Henri Bégouën, professeur de préhistoire à l’université de Toulouse et l’un des archéologues français les plus éminents de la première moitié du XXe siècle, a écrit un petit texte peu connu intitulé Les Précurseurs toulousains de la Préhistoire [2]. À propos de diverses personnalités locales qui avaient conduit des fouilles, il y écrit : « Ce furent, dira-t-on, des amateurs. Ah ! Messieurs, finissons-en une fois pour toutes avec ce pédantisme jaloux et mesquin qui voudraient refuser tout crédit scientifique à celui qui a la prétention de se consacrer à une science sans avoir des diplômes sur peau d’âne appropriés. Ne doit-on pas au contraire être plein d’admiration et de respect pour celui qui par la largeur de son esprit, sa passion désintéressée du savoir, se plie, par goût, à une discipline spéciale, et ouvre des voies nouvelles à la science. Sans l'amateur Tournal, sans l’amateur Boucher de Perthes, sans l’amateur Lartet, la préhistoire n’aurait pas triomphé de la science officielle d’Élie de Beaumont ; l’un était pharmacien, l’autre officier de la douane, le troisième licencié en droit. Après eux vinrent Piette, magistrat ; Massenat, industriel ; de Vibraye, propriétaire ; Cartailhac, licencié en droit ; Breuil, ecclésiastique, comme les Bouyssonie, Capitan et de Saint-Périer, docteurs en médecine ; Peyrony, instituteur, ne peuvent présenter aucun diplôme de Préhistoire et n’en sont pas moins les maîtres. »

Qui a un diplôme sur peau d’âne en art rupestre ? Peu de gens, même aujourd’hui. Et pourtant on entend régulièrement le point de vue condescendant selon lequel les amateurs ou les chercheurs « de loisir » seraient des citoyens de seconde zone.

Quelques-uns des comporte-ments les plus contraires à l’éthique, quelques-unes des théories les plus absurdes et quelques-uns des plus mauvais usages des données que j’ai rencontrés ces dernières années étaient le fait de « professionnels ». Bien sûr, parmi les amateurs, il y a aussi des excentriques, avec leurs théories farfelues. Mais l’hôpital devrait éviter de se moquer de la charité : l’archéologie « profession-nelle » compte nombre d’excen-triques, de gens qui accumulent les données, qui ne publient pas tandis que quelques amateurs publient beau-coup trop), ou qui bâclent leurs études.

Parmi les individus les plus écœurants que j’ai rencontrés dans ma vie, il y a des professionnels … et des amateurs ; parmi les personnes les plus sympathiques, il y a des professionnels … et des amateurs. Les professionnels évidemment ont développé un système de clientèle, avec ses membres privilégiés et ses exclus, ses courses aux bonnes places, ses sociétés d’admiration réciproque, ses coups de poignard dans le dos et ses luttes intestines. Quelques universitaires semblent penser qu’ils sont infaillibles et intouchables, et ils entretiennent autour d’eux des grappes de disciples et de suiveurs, auxquels le nom de « mafias » convient bien.

J’ai rencontré des « amateurs » qui ont oublié à propos de l’art rupestre plus que je n’en apprendrai jamais. J’ai aussi rencontré des « professionnels » qui n’en savaient presque rien, mais que cela n’empêchait pas d’écrire des articles ou de guider des circuits touristiques dans des grottes ornées françaises !

Les « amateurs » ont toujours été la colonne vertébrale et la force de l’archéologie, et de l’art rupestre, depuis le début. La grande archéologue américaine Marie Wormington, première femme docteur en archéologie à l’université de Harvard, en 1954, et première femme élue à la présidence de la Society for American Archeology, en avait bien conscience, qui déclara : « Je pense que nous dépendons terriblement des amateurs, parce que ce sont si souvent eux qui trouvent les sites [3]. » C’est toujours vrai aujourd’hui. Des prospecteurs amateurs munis de détecteurs de métaux trouvent des sites ; des pêcheurs d’éponges trouvent des sites sous-marins ; des spéléologues trouvent des grottes ; et des paysans trouvent toutes sortes de choses (c’en est un qui a trouvé l’armée de terre cuite en Chine, par exemple). Combien de grottes ornées ont effectivement été découvertes par des « archéologues professionnels » ? Presque pas, et en tout cas aucune des récentes trouvailles françaises qui ont fait la Une des médias. Une autre contribution des amateurs, peut-être plus importante encore, concerne la conservation et l’éducation, par la création d’associations et de journaux.

Stephen Jay Gould nous a rappelé les contributions de Goethe, le plus grand poète de son époque, à l’anatomie, la botanique, la géologie et l’optique. Toutefois, les chercheurs contemporains s’indignaient de ses intrusions de ses intrusions : « Les praticiens professionnels ont toujours essayé de rendre étanches les barrières qui délimitent leur discipline, et de faire feu sur tout étranger qui y pénétrerait en faisant preuve d’un enthousiasme d’amateur (bien que l’amateur qui, comme l’indique l’étymologie, se passionne pour son sujet, en acquiert souvent une maîtrise dépassant de loin celle que peut avoir le professionnel moyen qui en a fait son gagne-pain) [4]. »
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[1] S.J.Gould. Comme les huit doigts de la main. Seuil, 1996.
  [2] H.Bégouën. Les Précurseurs toulou-sains de la Préhistoire. Toulouse, 1935.
  [3] R.W.Richards. Mammoth Trumpet, 9, 6, 1994.
 
[
4] Cf. supra  note (2)

Les archéologues amateurs trouvent plus souvent des sites que les professionnels, et ils participent activement à leur conservation.

C’est exactement ce que je pense. J’ai toujours été un fervent partisan de la méritocratie. Je suis radicalement opposé au système de titularisation dans toutes les professions. Je ne m’intéresse pas au statut de « professionnel » ou d’« amateur » de la personne que j’ai en face de moi, mais à ce qu’elle sait, à la façon dont elle s’investit, à son enthousiasme, au temps et à l’énergie qu’elle consacre à ce qu’elle fait. Je suggère que nous abandonnions les termes « profes-sionnel » et « amateur » en art rupestre, et que nous les remplacions par « spécialiste d’art rupestre ».

En archéologie en général, en art rupestre en particulier, chacun peut apporter une contribution valable, peu importent ses dons, ou son manque de dons. Tout le monde a le droit d’émettre une opinion. Et tout le monde a le droit de critiquer ou de tourner en dérision des idées trop alambiquées, qui distordent les données, voire qui les ignorent. Le passé est un livre qui est ouvert pour tout le monde, ce n’est pas un texte réservé à des professionnels. Bien qu’il soit évidemment vital que les fouilles soient menées par des gens qualifiés ou expérimentés, beaucoup d’autres aspects du passé peuvent être aussi bien étudiés, et dans certains cas mieux par des amateurs. Souvenons-nous : l’arche de Noé a été construite par des amateurs, et le Titanic par des professionnels.

                                                                                                                                                               Paul Bahn

C’est donc dans l’épisode intitulé « Les semeurs de foudre » que le voile du mystère se leva enfin… quand nos héros descendent sous terre. Mais il faut pour cela de bons yeux à cause du faible éclairage apporté pendant le tournage ; au moins cela rend l’action encore plus réaliste. Quoi de plus perturbant en effet de voir dans un (télé)film quelqu’un pénétrer dans un souterrain (voire une vaste carrière souterraine), allumer une simple bougie, quand ce n’est pas une seule allumette, et constater que cette modeste flamme nue peut éclairer parfois comme dans la galerie des glaces de Versailles en plein jour ; au moins ici la crédibilité du récit, si ce n’est sa véracité, est respectée. Et de plus, cela correspond tout à fait à la réalité des visites dans l’ossuaire à l’époque : ses galeries n’étaient pas éclairées électriquement (la « fée électricité » ne descendit dans ces abysses infernales qu’en 1972). Au moins les galeries des Catacombes n’étaient pas encore dénaturées par des fils électriques en tous sens, encore moins par des goulottes en plastique de 30 cm de haut, fichées sur des parois du XVIIIe siècle comme c’est le cas depuis l’an 2000. Pour visiter l’Ossuaire de Paris, il fallait alors apporter son propre éclairage : une lampe torche ou une bougie, que l’on pouvait aussi acheter sur place.

        l'Almanach du Bon Marché

Deux illustrations provenant de  « l'Almanach du Bon Marché » de 1911, montrant les visiteurs attendant au niveau de l’entrée, puis sous terre, munis d’une chandelle qu’ils avaient pu acheter à l’entrée. Mais on pouvait aussi se munir de sa propre bougie. On sait qu’à cette époque (d’après « Je sais tout » n°102, du 15 juillet 1913, article intitulé « Les gaîtés du budget », par Henri Morandes, p.17-23), « une somme annuelle de 12 francs était payée par la concessionnaire du droit de vendre des bougies à l’entrée de l’ossuaire municipal. (On sait que les amateurs admis à visiter les catacombes sont tenus de se munir de luminaires, au moment de la descente.) »

En cette même année 1911, « Le Journal » du 9 août nous précise qu’« en passant devant le sergent de ville qui garde le feu, chaque personne doit allumer la bougie qu’elle apporte. Et puis l’on descend à la file, un à un, serrés les uns contre les autres.

[53] Pour avoir le nombre d’ossements, il convient de multiplier par plus ou moins 206. Le nombre d’os varie en effet en fonction de l’âge de l’individu, qui à la naissance possède 270 os séparés, certains fusionnant par la suite au cours de la croissance.
[54] La première vague de délocalisation de la population des cimetières parisiens eut lieu de 1786 à 1814, la seconde lors des grands travaux du baron préfet Haussmann, que certains s’ingénièrent à prononcer à la française à l’époque i.e. Ossements. Ce que l’on retrouve dans le titre d’un des romans de Léo Malet : Boulevard Ossements
On descend longtemps entre deux murs étroits. Et, quand on est au fond, commence cette marche qui sans arrêt, ou presque, doit durer une heure et demie. Il fait de plus en plus froid. Une eau glacée suinte de la voûte des murs ».

Quant au malencontreux effet secondaire prévisible induit par la lumière électrique blanche installée de manière pérenne et maintenue en permanence de nos jours [55], associée à une humidité ambiante permanente, il suffit de regarder les quelques photos ci-dessous. 

                                     
               Apparition d’algues                           Monument Ossa Arida

Quelques exemples d’apparition d’algues à cause de l’emploi d’une lumière blanche, donc photosynthétique : au niveau d’un globe lumineux, sur Port-Mahon sculpté par Décure (entre 1777 et 1782), comme autour du monument Ossa Arida , qui en plus souffre de l’écriture comme de la gravure de tags par ce que l’on peut pour le moins appeler des visiteurs indélicats (© DR).

Paul Fassy, dès 1861, nous avait pourtant déjà prévenu : « La descente est longue, pénible ; les murs sont suants, visqueux, recouverts de mousses verdâtres, de végétaux cryptogamiques. Un air lourd, épais, chargé d’humidité vous oppresse, et le cœur se soulève à l’odeur funèbre qui s’échappe des souterrains. Ajoutez à l’effroi qu’exaspère une excursion qui n’est pas exempte de dangers le vertige causé par l’escalier à vis, et vous aurez une idée parfaitement exacte de l’impression que reçoit le visiteur en descendant les 90 marches conduisant aux Catacombes. » Les mousses verdâtres, à l’époque une exagération que l’on peut attribuer sans critique aucune à la licence de l’auteur à l’imagination fertile, sont dorénavant devenues une triste réalité [56]. Mais cette description alarmiste n’a jamais empêché une foule de visiteurs, toujours plus nombreuse, de se presser dans la rue, au niveau de l’entrée extérieure de « l’empire de la mort » ; à tel point que de nos jours, le nombre de visiteurs est théoriquement limité à 1000 personnes quotidiennement, ce qui génère des dizaines d’insatisfaits les jours de forte canicule, car l’ossuaire est un « musée » climatisé. Que ceux-ci se rassurent, le jour du jugement dernier, les premiers seront les derniers, et les exclus de la visite seront alors les premiers à y pénétrer !

    

Photo de Fracam, présentée sans retouche ni recadrage ce qui permet de voir de superbes câbles électriques (sous une gaine en plastique, dans une vénérable galerie car datant du XVIIIe siècle), qui viennent dénaturer le site alors qu’il était si facile de les faire passer dans le sol, celui-ci étant simplement constitué de remblais.

Au corps défendant des spécialistes de Bob Morane (des moranomanes, alors que je ne suis que moranophile), il était absolument nécessaire de connaître parfaitement les sous-sols de Paris pour reconnaître ce décor « naturel » parisien dans un des épisodes de Bob Morane. Car effectivement il n’y a pas la moindre ombre d’un crâne ou d’un bout d’ossement dans cet épisode, ce qui explique que personne n’avait pu identifier les Catacombes de Paris parmi les décors : c’est donc un « ossuaire » sans os, ou pratiquement tout comme ! C’est un peu ce qui s’est passé avec la bande dessinée « L’affaire du Collier » d’Edgar P. Jacobs : dans celle-ci on remarque aussi uniquement le fil d’Ariane en ciel de galerie dans à peine deux uniques cases de la BD, et pas un seul bout d’os (censure quand tu nous tiens ! [57].

[55] Véritablement 24 h sur 24, tout comme l’éclairage des stations du métro parisien sous prétexte que le forfait souscrit par la RATP permet de ne pas éteindre la lumière la nuit ! Pourquoi ne pas souscrire un forfait moins cher, ce qui permettrait de faire de économies substantielles ? Les gouvernements de la plupart des pays ne prescrivent-ils pas qu’il faut maintenant favoriser le développement durable ??
[56] Ce que tout un chacun put constater lorsque les médias portèrent à la connaissance de leur public à force articles, que les Catacombes de Paris étaient à nouveau accessibles depuis le 15 avril 2008. Dans les photos des différents articles de presse annonçant cette réouverture après 13 ans de fermeture et 8 années d’éclairage blanc continu (20 Minutes, MétroFrance, Le Parisien, Le Monde, Le Journal du Dimanche, etc.), certains montrèrent des images verdoyantes des sculptures de Décure.
[57] Quelques années plus tôt, Septimus (dans « La Marque Jaune », début de parution en 1953, pour une publication en 1956) avait osé lire un magazine dont la couverture montrait une femme en tenue légère (où va se nicher le vice des lecteurs de là à dénicher ce détail !), ce qui avait valu à Jacobs un très nombreux courrier de réprobation. De même une vignette du « Piège diabolique » représentant un cauchemar de têtes de ptérodactyles avait généré un climat de peur aux conséquences épistolaires identiques … alors de là à dessiner une foultitude de crânes !

Dans cet épisode des Semeurs de foudre (plutôt Semeurs de doute, puis Semeurs de trouble en l’occurrence quant à cette découverte télévisuelle du décor des Catacombes de Paris), Bob Morane et Bill Ballantine sont près de La Paz à la recherche de Pierre Langlois disparu il y a plus de deux ans. Ils arrivent à Monte Alba (dans les monts Madidi, à la frontière du Brésil et de la Bolivie), à moins d’un jour de marche de la « Muraille rouge, une longue muraille infranchissable que l’on voyait s’étendre d’un bout à l’autre de l’horizon ».

Après une attaque à proximité de la Muraille rouge, au cours de laquelle Bill semble tuer d’un coup de son arme à feu de poing un amérindien (qui est en réalité retrouvé mort un couteau planté dans la poitrine), ils entrent tous les trois (Bob, Bill et Manca, la fille du guide qui a remplacé son père au pied levé [58] dans le temple du grand dieu Pachacamac [59] représenté par une Idole noire (www.naya.org.ar/peru/pch.htm

 

Un voyage dans l’espace digne de la « Patrouille du Temps »

Dans le roman, que nous allons utiliser comme trame ici, cette intromission dans le temple souterrain correspond au chapitre V.

« Lentement le sol s’était mis à pivoter sur lui-même, découvrant un trou béant où s’amorçait un escalier taillé à même le roc.

Penchés sur l’ouverture, maintenant tout à fait démasquée par le déplacement du socle de pierre, qui avait fini de pivoter sur lui-même, Morane, Bill Ballantine et le professeur Clairembart tentaient de plonger leurs regards dans les profondeurs du puits. Mais, au-delà de l’endroit où parvenaient les rayons du soleil, l’escalier s’enfonçait dans des ténèbres de plus en plus épaisses. »

Bien que dans un premier temps « Manca, pas descendre, Manca pas rester ici non plus. Demonios viendrait tuer lui... Manca retrouver Puerto dos Tigres … », il finit par se rallier à l’esprit persuasif de Morane et à les accompagner.

« Bientôt l’obscurité fut totale, et Morane, qui allait en tête, dut allumer sa torche électrique.

Pendant combien de temps dura cette descente ? Il eût été bien difficile de le dire avec précision. Deux minutes, trois minutes, cinq peut-être … Bob atteignit finalement la dernière marche et pris pied dans une longue galerie [60], aux parois faites de pierres imbriquées et qui se perdait dans des ténèbres où s’égarait le faisceau de la torche. »

Pour l’épisode télé, ce passage de nos héros s’enfonçant dans la montagne a en réalité été shooté dans l’escalier du « Bain de pieds des carriers » des Catacombes de Paris (le fameux ossuaire municipal de la Ville de Paris, l’un de ses 15 musées). Ce puits à eau est en réalité un sondage géologique du tout début du XIXe siècle, dont l’escalier d’accès plonge directement dans

la nappe phréatique. Ce puits a été surnommé ainsi parce que l’eau y est tellement limpide (comme tous les puits à eau des carrières de Paris d’ailleurs) que quelqu’un qui y descend (puisque celui-ci est aménagé avec des marches pour y accéder de « plain pieds » !) met inévitablement le pied dans l’eau avant d’avoir réalisé ce qui lui arrive. D’autant plus qu’à l’époque les ouvriers et autres visiteurs se déplaçaient avec une chandelle ou une bougie, et que ce mode d’éclairage à flamme nue illumine préférentiellement le ciel et crée une zone d’ombre au niveau des pieds [61].

[58] Et surtout qui a remplacé l’amérindien masculin Manca dans le roman … ce qui nous vaut heureusement comme il se doit une actrice féminine (Harline Respati) dans l’épisode TV ! Dans le roman, ils sont aussi accompagnés par le professeur Aristide Clairembart … qui n’a pas l’heur d’apparaître beaucoup dans la série   =I ;-(
[59] L’épisode, « Le Huaco de Callao » des Globe-Trotters se déroule aussi à Pachacamac.
[60] Pour l’épisode télévisuel, ce passage a été tourné dans un escalier des Catacombes, et l’on pourrait censément penser qu’au bas de celui-ci on débouche dans une très longue galerie puisque dans un réseau de plus de 150km de développement. En fait, on va voir que l’on débouche dans la nappe phréatique, donc que l’on atteint l’eau alimentant la base des puits, et que pour éviter de s’y mouiller les pieds Bob Morane et consorts vont devoir remonter de suite cet escalier … ceci pour les conditions du tournage. Mais, dans le montage final, ils descendent et remontent cet escalier sans qu’il n’y soit fait bien évidemment référence à la présence d’eau.  
[61] Notons au passage que ce ne sont pas des carriers mais bien des ouvriers de l’Inspection des carrières qui l’ont creusé. Par la même occasion, corrigeons une erreur lue récemment : ces « carriers » y subissaient donc un bain de pieds forcé et involontaire, mais n’y venaient pas s’y laver les pieds, contrairement à ce qu’a affirmé le journaliste Jean-Marc Navarro dans Le Parisien du 19 novembre 2007 dans son article annonçant la xième (non pas dixième mais bien X, la célèbre lettre utilisée afin d’indiquer un(e) inconnu(e)) fermeture du musée des Catacombes pour travaux. (Du temps de l’exploitation et l’extraction de la pierre, ce puits n’existait pas !)

                                                                                         
                                                             Photogramme extrait des « Semeurs de foudre »

Photogramme extrait des « Semeurs de foudre » que l’on peut comparer avec la photo du « Bain de Pieds des carriers » prise du sommet de l’escalier permettant d’y accéder (© Emmanuel Gaffard / Atlas du Paris Souterrain).

« Un second passage s’embrancha au premier, que les explorateurs décidèrent d’emprunter. Mais deux nouveaux embranchements se présentèrent, puis d’autres encore, et Bob et ses compagnons se rendirent compte qu’ils étaient en train de se fourvoyer au cœur d’un véritable labyrinthe souterrain [62].

– Peut-être était-ce ce labyrinthe qui, comme cela se passe pour certaines cryptes égyptiennes, défend l’accès du temple secret ? supposa Clairembart. Cela doit nous engager à continuer …

– Ou, au contraire, à rebrousser chemin, fit Bill. S’il s’agit bien d’un labyrinthe, je ne tiens pas à m’y engager pour y tourner en rond jusqu’à la consommation des siècles [63].

– Nous pourrions, malgré tout, y faire une brève incursion, dit Morane, que la curiosité dévorait. En marquant notre passage comme le Petit Poucet, nous ne courrons aucun risque de nous égarer …

Aristide Clairembart ne manqua pas d’empoigner cette perche qui lui était tendue.

– J’ai une petite provision de craies dans mon sac, dit-il avec empressement. Nous autres, archéologues, nous nous en servons pour accuser le tracé des dessins rupestres que nous voulons photographier. Voilà pourquoi j’en emporte toujours avec moi en expédition …

Les trois Européens et l’Indien reprirent leur marche à travers les galeries. À chaque carrefour, à chaque embranchement, Clairembart, qui fermait la marche, traçait une croix blanche sur la pierre. [64]

Au bout de dix minutes, ils se rendirent compte que leurs craintes étaient fondées : il s’agissait bien d’un labyrinthe. Le sous-sol était creusé de galeries qui s’enchevêtraient de façon inextricable. On pouvait sans doute errer durant des heures, voire des jours, sans arriver nulle part. »

« – Et ce silence ! fit Bill. On se croirait dans un tombeau … ou après la fin du monde … »


[62] Ce qui aurait effectivement été le cas s’ils s’étaient enfoncés dans les sous-sols de Paris par l’un des nombreux escaliers d’accès depuis la surface. Quoique, à l’époque du tournage, l’ossuaire des Catacombes n’était pas confiné par des murs l’isolant du Grand Réseau Sud au milieu duquel il se trouve. Et donc, étant dans les Catacombes, ils étaient véritablement au cœur du labyrinthe des carrières de Paris.
[63] … et pour les siècles des Siècles : Consummatum est, comme il est écrit dans l’Ossuaire municipal au niveau de l’ex-Crypte de la Passion, juste à la sortie du secteur dévolu au dépôt des ossements, derrière la grille au niveau du « Tonneau ». Ce lieu a été converti, d’abord en galerie menant à un escalier de secours construit au tout début des années 80’s, puis en local annexe pour le système de climatisation établi en 1995. Finalement le « conservateur » du site, tel un égyptologue euphorique ou plutôt un archéologue en folie, découvrit ce « nouvel » escalier en 2005 … alors que s’il avait bien été édifié en 82, ce n’était ni 1700 (l’escalier actuel de sortie date de 1784, et l’ancien escalier d’accès de 1799), ni 1800 mais bien 1982 !
[64] Lorsque l’on ne possède pas de plan du réseau que l’on parcourt, très souvent la simple observation attentive des carrefours que l’on croise (en pensant à regarder aussi par derrière soi pour avoir la vision que l’on aurait au retour)
est suffisante pour ne pas avoir à laisser un fléchage quel qu’il soit : gravé, écrit au crayon, ou encore pire à la bombe de peinture sur des parois séculaires, ce que semble avoir oublié certaine administration depuis quelques temps.

Photo réalisée par Emmanuel Dumont sans trucage ni retouche d’image, sous le cimetière Montparnasse ! Nous sommes alors effectivement sous le Caveau de Notre-Dame de Charité, emplacement matérialisé par une inscription gravée comme il se doit, au dessus de laquelle il est écrit au crayon  « Tombeau  ».

           Caveau de Notre-Dame de Charité

Quand les quatre hommes (du roman, parce que rappelons-le, le professeur est avantageusement remplacé – on ne le dira jamais assez – dans le feuilleton télévisuel par une actrice !) rebroussèrent chemin, « au premier embranchement, ils ne retrouvèrent pas la croix que Clairembart avait tracée quelques secondes plus tôt.

– Je l’avais pourtant apposée sur cette pierre, fit l’archéologue en désignant un moellon à hauteur de visage.

[…] Allaient-ils réussir à retrouver leur chemin à travers le labyrinthe ? Ne seraient-ils pas, au contraire, condamnés à y errer jusqu’à ce que, les forces leur manquant, ils dussent s’avouer vaincus et s’arrêter pour attendre une mort lente ? » Tout comme dans les carrières sous Paris gît effectivement un dénommé Philibert Aspairt, portier du Val-de-Grâce (et non des dites carrières du lieu surveillées par le portier Lortille pour le compte de l’IDC), et qui erra ainsi jusqu’à ce que mort s’ensuive ! Ici encore la fiction vern(es)ienne rejoint à nouveau la réalité des carrières de Paris.

        Tombe de Philibert Aspairt qui est descendu dans les carrières de la Ville de Paris en 1793

Tombe de Philibert Aspairt qui est descendu dans les carrières de la Ville de Paris en 1793, qui s’y est perdu et dont on ne retrouva le squelette qu’un peu plus de dix années plus tard. Gloire posthume : on l’enterra sur place, à 20 mètres de profondeur, sur le lieu même de la macabre découverte de 1804 (le cippe monumental n’a pas été érigé avant 1810). Même Héricart de Thury, sinon l’auteur du moins le superviseur de cette réalisation sépulcrale en tant qu’Inspecteur général des carrières à l’époque, oublia d’en parler dans son ouvrage de référence écrit en 1815, ajoutant par là au mystère historique. (Photo Franck Albaret)

En revanche, si un escalier se trouve effectivement à proximité immédiate de ce monument funéraire, cet accès ne date que de la seconde guerre mondiale ; notre pauvre Philibert n’aurait pas pu le trouver.

Baudelaire l’avait écrit : Des damnés descendant sans lampe / D’éternels escaliers sans rampe …

« Entraînant derrière eux Manca […], Bob, Clairembart et Bill se remirent en route à travers le dédale des couloirs, pour tenter de faire à rebours le chemin parcouru tantôt. Pourtant, au bout d’une demi-heure, après avoir vraiment tenté de retrouver les marques laissées par Clairembart, ils durent reconnaître qu’ils étaient définitivement égarés. S’enfonçaient-ils toujours davantage dans le labyrinthe, ou y tournaient-ils en rond ? Il leur eut été bien difficile de le dire. Toutes les galeries se ressemblaient. Chaque embranchement était semblable au précédent, ou au suivant. » [65]

[65]
Se reporter à n’importe quel plan « Taupographique », comme par exemple celui très détaillé et accessible sur le site http://www.explographies.com … déjà cité !

                                                                                               
                                                          Plan du secteur « aimablement » fourni par la Ville de Paris)

Dans l’épisode télévisuel, nos héros remontent la rampe de descente des doubles carrières qui démarre au niveau du « Bain de Pieds des carriers » ; jusque là le parcours normal est
respecté [66]. Puis on les voit marcher dans « l’Atelier », alors qu’en remontant cette galerie ils devraient arriver à l’Ossuaire au sens strict. La partie dénommée l’Atelier se trouve en effet bien avant les sculptures de Décure, qui précèdent encore le « Bain de pieds » Plan du secteur « aimablement » fourni par la Ville de Paris) dans le sens normal de la visite qui exclut de faire demi-tour. Cet « Atelier » est le seul élément du parcours qui permet d’avoir une idée de comment se faisait l’extraction du calcaire au moyen âge, les catacombes ayant été établies au XVIIIe siècle dans une partie des anciennes carrières de Paris, à partir de 1786 exactement. Cette galerie est caractérisée par les piliers tournés et les piliers à bras entre lesquels on circule, et un trait noir en ciel, fil d’Ariane permettant aux visiteurs de ne pas sortir du cheminement qui est ouvert à la visite … et éviter qu’ils ne s’égayent et s’égarent dans les 150 km de galeries qu’il y a alentour. Normalement à partir de là, en haut de la rampe, on arrive dans l’actuel vestibule de l’Ossuaire, dans lequel on pénètre en franchissant une porte sur l’entablement de laquelle est écrit « Arrête, c’est ici l’Empire de la Mort ! [67] ». Ce linteau, particulièrement bas, nous oblige d’ailleurs à nous courber en signe de déférence et d’humilité.
Photogrammes montrant la progression de Bob Morane dans la partie précédant l’ossuaire baptisée « l’Atelier ». Dans celui de droite, il porte Manca dans ses bras, avant de la déposer au pied d’un pilier à bras.
                                                                  
                  Photogrammes montrant la progression de Bob Morane dans la partie précédant l’ossuaire baptisée « l’Atelier »

Sur la photo actuelle (© Franck Albaret), en ciel de la galerie, on remarque la  « magnifique » goulotte en plastique dont on a fait la critique précédemment ! Elle sert à faire passer des fils électriques, alors que le sol est constitué de simples remblais, et donc il était parfaitement possible de les enterrer ce qui eut été infiniment plus discret et respectueux de la majestuosité du lieu, si l’on accepte l’emploi de cette néonymie ici..

                       La « magnifique » goulotte en plastique dont on a fait la critique précédemment .

S’ils suivaient le fil d’Ariane noir en ciel (tracé au goudron), leur parcours aurait donc dû normalement leur permettre d’aboutir à l’entrée de l’Ossuaire. Mais non, ils font des allers et retours, ils « visitent » comme dit Rondin dans « Les Gaspards » lorsqu’il se fait surprendre dans une galerie où il n’aurait pas dû se trouver !  

« Peint au milieu du plafond et pareil à ces démarcations qu’on voit aujourd’hui sur les routes nationales, un long ruban noir indique notre direction et nous guide vers un dénouement qui semble s’éloigner » disait déjà Léon-Paul Fargues dans « Voilà (l’hebdomadaire du reportage) ; qui paraissait chaque vendredi » (n°331 du 23 juillet 1937 – 7e année).

[66] Du moins le parcours le plus récent, mais qu’il était impossible d’effectuer depuis 1995, quand ô miracle (comme quoi tout vient à point à qui sait attendre), cette partie du circuit a à nouveau été rendue accessible au public en avril 2008 après 3 mois de travaux (selon la presse !). Mais contrairement à ce qui a été annoncé, ni l’éclairage n’a été refait à cette occasion, encore moins une vingtaine de murs d’ossements (pour la simple raison qu’au niveau des sculptures de Décure et du « bain de pieds des carriers, il n’y a aucun ossement : nous ne sommes pas encore arrivé dans l’ossuaire s.s.), et les soi-disant voûtes construites pour renforcer l’édifice l’ont été exactement 3 années auparavant puisqu’un article de la revue professionnelle Travaux de mai 2005 (n°819), en fait état avec plusieurs photos à l’appui (« Le confortement des catacombes de Paris », p.88-90).
[67] Plusieurs déclinaisons de cette formulation sont connues, tant dans des bandes dessinées que dans des apparitions télévisuelles, mais qui ont pour conséquence de faire disparaître la qualité d’alexandrin de cette sentence due à l’abbé franc-maçon Jacques Delille. Lorsqu’il décéda en 1813, son avocat assistant à son embaumement avait obtenu l’autorisation d’emporter deux morceaux de la peau de l’écrivain avec lesquels il fit relier son exemplaire personnel de la traduction des Géorgiques de Virgile (information de Clémentine Portier-Kaltenbach).

Pour sortir du labyrinthe parisien des Catacombes, suivre le Fil d’Ariane

Ce trait noir en ciel dont il est question icitte (emplacement astucieux puisque l’éclairage à flamme nue de l’époque illumine d’avantage le ciel que les parois) n’est donc ni plus ni moins qu’un fil d’Ariane. Il se trouve dans le parcours pour diriger les visiteurs vers l’Ossuaire à partir de l’escalier d’accès, puis de celui-ci vers l’escalier de sortie qui les ramènera à la surface. « Une large ligne noire ou rouge, tracée au plafond, indique le chemin de l’Ossuaire, partie des Catacombes de 650 m environ, consacrée seule au dépôt des débris humains » nous précise Paul Fassy.
Ce fléchage, positionné en ciel des galeries, permet d’éviter que les visiteurs n’aient des velléités d’aller dans les galeries circonvoisines … mais chaque cuirasse ayant ses faiblesses et l’être humain s’ingéniant à contourner les lois, cela pouvait aussi être interprété autrement et indiquer au contraire les galeries dans lesquelles partir pour découvrir autre chose. C’était possible jusqu’en 1983, date à laquelle des « bouchons » de plusieurs mètres d’épaisseurs ont été positionnés dans les galeries de jonction entre l’ossuaire et le Grand Réseau Sud alentour.

Une description explicative nous est aussi donnée dans « Esquisse sur les catacombes de Paris et sur les catacombes de Rome », par L. F. Hiver (publié en 1860) : « On a tracé au sommet de cette voûte une large raie noire qui commence au bas de l’escalier et qui serpente dans toute l’étendue du vaste dédale. Un visiteur égaré, ayant de la lumière, n’aurait, pour retrouver la porte, qu’à suivre cette variante du fil d’Ariane. De distance en distance  la ligne porte une flèche dont la pointe est tournée dans la direction de la porte de sortie, comme le cours d’un fleuve est indiqué sur la carte ».

              La ligne porte une flèche dont la pointe est tournée dans la direction de la porte de sortie .

Nestor de Lamarque, dans son élégie « Catacombes de Paris »[68] qui obtint aux Jeux Floraux du 3 mai 1824 un Souci d’argent, avait déjà évoqué cette ligne guide : « J’avais plongé mes pas sous les voûtes célèbres / Où Paris consacra ses dépouilles funèbres, / Où des morts évoqués les ossemens poudreux / Peuplent de vains débris un sol religieux. / D’un flambeau précurseur dans ses demeures sombres / Les livides clartés fuyaient au sein des ombres ; / Je suivais lentement, et le deuil dans le cœur, / Une ligne noirâtre, augure de terreur ».

Mettons aussi nos pas dans ceux d’une autre visiteuse célèbre des catacombes en 1868 : « Quand nous eûmes quitté la ville des Morts, nous descendîmes encore plus bas et nous suivîmes la raie noire tracée sur le banc de roc calcaire qui forme le plafond des galeries. Cette raie sert à diriger les pas de l’homme dans les détours inextricables qui occupent huit ou neuf lieues d’étendue souterraine » écrivait ainsi George Sand dans « Une visite aux catacombes » in Nouvelles Lettres d’un voyageur, p.219. Paris, Calmann Lévy, 1877 (recueil d’articles parus dans la Revue des Deux Mondes en 1868).

        
          Photo de Roland Michel Tremblay montrant le fil d'Ariane aboutissant à la célèbre entrée de l’ossuaire des Catacombes

Photo de Roland Michel Tremblay montrant le fil d'Ariane aboutissant à la célèbre entrée de l’ossuaire des Catacombes, au linteau gravé de l’alexandrin de Jacques Delille, dit l’Abbé Delille : « Arrête ! C’est ici l’empire de la Mort ». Diverses autres interprétations et ré-écritures en furent données dans les médias (bande dessinée, série TV, etc.). Cette illustration provient de son site http://www.anarchistecouronne.com.

À gauche, une vignette extraite des « Loups écarlates », (tome 11 de la Patrouille des Castors, bande dessinée scout œuvre de Jean-Michel Charlier pour les textes, et Mitacq pour les dessins ; épisode paru en 1964).

À droite, un décor aménagé dans les carrières sous le fort militaire d’Ivry pour le tournage d’un épisode de la série télé   « Sydney Fox l'Aventurière  » [69] .

                                                 
  Vignette extraite des « Loups écarlates »        Décor  pour le tournage d’un épisode de la série télé « Sydney Fox l'Aventurière »



[68] Publié par la suite dans le tome sixième de « Paris ou le livre des cent-et-un » en 1832.
[69] C’est une aventurière, professeur d’histoire et passionnée d’archéologie, à la plastique pour le moins avantageuse. Une Indiana Jones au féminin, une Tombe Raider de télévision, mais qui avait au moins pour elle d’être en chair et en os, alors qu’à l’époque seule l’héroïne virtuelle de jeux vidéo avait vu le jour ; son avatar humain Joli(e) (Angelina de son petit nom) n’était pas encore apparue au cinéma. Dans l’épisode # 17 de Sidney Fox (« Les joyaux de Marie-Antoinette »), elle débarque en France alléchée par une carte au trésor datant de Louis XVII, qui va l’entraîner dans les « sombres catacombes d’un château… »

Alors qu’il suffisait de suivre le tracé noir en ciel pour ne pas se perdre [70], sur le « petit écran » on voit pourtant nos protagonistes aventuriers redescendre la rampe en pente douce qui les aurait menés directement à l’ossuaire. Puis ils marchent à nouveau dans le secteur de « l’Atelier ». Bob le fait d’ailleurs remarquer « Nous n’avons pas cessé de tourner en rond », ce à quoi Bill répond « Cela manque un peu de poteaux indicateurs dans votre temple ». En fait, dans le réseau des galeries souterraines qui constituent les anciennes carrières appelées généralement par abus de langage « catacombes », toutes les galeries sont identifiées par des noms gravés sur les parois à chacun des carrefours ; ce sont les noms des rues au dessus, ou plus exactement la doublure de la topographie parisienne du XVIIIe siècle (bon d’accord parfois le nom de la voie en surface a changé depuis, mais on s’y retrouve !). Le trio s’arrête, et Bob fait se reposer Manca au pied d’un pilier à bras.

Lorsqu’ils découvrent enfin l’idole, il semblerait que ce totem se trouve alors dans un des fontis de la galerie de sortie (les deux derniers, ceux juste avant l’escalier de remontée, présentent en effet un élargissement similaire). S’il y a de très nombreux fontis sous Paris, dans la galerie de sortie des Catacombes – le seul endroit sous Paris où ils ont pu tourner à l’époque – ceux-ci sont particuliers et parfaitement reconnaissables car ils ont été mis en valeur par du béton projeté sur lequel ont été redessinées les couches de terrain traversées par l’effondrement, et on y voit aussi des encorbellements (= rétrécissement de la largeur de la galerie, par un décalage des rangées supérieures des moellons du mur).

 

« Le moyen-âge et le XXIe réunis », pour un final d’apocalypse

Rejoignons nos héros « de papier » au moment où ils ressortent de la montagne.

Morane : « Les hommes, qui, jadis, ont bâti la cité de Puremac, ont creusé ces galeries qui, peut-être pour mettre les habitants de la ville à l’abri de toute attaque venant de l’ouest, permettaient de passer sous les falaises [des Murailles Rouges]. »

Clairembart : « Le temple de Pachacamac, si l’on en croit la légende, avait été installé sous la cité après la venue des Espagnols, au XVIe siècle … »

 

Mais à ce moment-là, ils sont capturés par des hommes casqués et munis d’armes à feu. Ils sont amenés dans une usine souterraine, dont le décor filmé pour l’occasion est d’abord l’entrée d’un fort muni d’un pont-levis avec un poste de garde en pierre à droite. Si quelqu’un sait où cela a été tourné ? Toute information sera la bienvenue ! De même pour l’usine souterraine, où l’action à l’écran va se dérouler à partir de là. Ce décor souterrain, où les emmènent les « Blancs casqués » et les Youngas est « un enchevêtrement de couloirs aux parois d’acier [où] parfois, à un carrefour, sous une tôle déboulonnée, apparaissent les pierres polies et rigoureusement assemblées des anciens bâtisseurs. »

C’est le repaire du colonel Egon von Hurstedt [71], un ancien lieutenant des Waffen SS (devenu depuis Colonel) qui y était arrivé, au moment de la seconde guerre mondiale, accompagné d’une centaine de SS fanatisés, ainsi que d’une phalange de savants (physiciens et chimistes), plus tout le matériel nécessaire venu par avion d’Argentine, pays alors ami du Reich [72].

[70] J’ai tendance à oublier qu’ils ne sont pas là pour visiter les Catacombes, mais pour traverser la « Muraille rouge » ! Où avais-je la tête ?
[71] Allitération avec le Generalfeldmarschall Karl Rudolf Gerd von Rundstedt, responsable de l’ensemble des forces d’occupation à l’ouest de l’allemagne (Oberbefehlshaber West du 1er octobre 1940 à juin 1941). Après le 6 juin 1944, lucide sur les chances de victoire du IIIe Reich, il conseilla à Hitler de négocier au plus tôt la paix, ce qui provoqua le courroux du Führer qui le démit alors de ses fonctions. C’est à Saint-Germain en Laye qu’il avait établi son quartier général … où son bunker est toujours visible, mais réutilisé comme centre de dépôt pour des œuvres
d’art. La mission de von Runstedt était de préparer le débarquement allemand en Grande-Bretagne : l’opération Sealowe (= « lion de mer »).
[72] Et qui le resta par la suite, à la fin du deuxième conflit mondial, ce qui permit d’héberger un certain nombre d’anciens nazis fuyant les libérateurs alliés et les représailles potentielles pressenties.

Cela faisait partie d’une opération lancée pour coloniser l’Amérique de l’intérieur, l’Asie et l’Afrique devant l’être par la seule progression des armées allemandes ; le but ultime était de conquérir le vaste monde. Au moment où Bob découvre cette usine souterraine, il ne reste plus que 20 SS, les autres étant morts, ou tués parce que devenus fous, minés par le désespoir de la défaite et la nostalgie du pays natal.

Dans cette base secrète, une arme qui ne l’est pas moins [73] y a été élaborée par le professeur Taube [74]. « Le Führer mort, le parti nazi démembré, la nation allemande elle-même avait noué des relations amicales avec ses anciens adversaires », et l’invention fut alors offerte à une puissance étrangère (que la décence nous interdit de nommer ici [75] mais « dont la soif de conquête est bien connue ». [76]

« Au cours des conversations qu’ils eurent avec Taube et les autres savants, ils devaient se rendre compte qu’au fil des années un abîme s’était creusé entre von Hurstedt et ses gardes d’une part, et l’équipe scientifique du professeur Taube de l’autre. Ces derniers étant des savants et si, jadis, ils avaient accepté de se laisser enfermer dans ces souterrains, c’était autant par amour de la science que par patriotisme. Aujourd’hui que la guerre était finie depuis longtemps, ils ne voyaient pas l’utilité de s’entêter, et s’ils ne se révoltaient pas, c’était uniquement dans la crainte des représailles. En plus, leur grand âge engendrait la lassitude. » Morane, « s’il mettait au point un plan de fuite, il pourrait compter sur la complicité, sinon la collaboration totale, des techniciens. »

Et en effet, les derniers nostalgiques firent alors sauter la base. « En voyant leur chef mort, ces fanatiques, aigris encore par des années passées dans l’attente d’une revanche qui ne venait pas, ont préféré tout terminer dans une apothéose de flammes... Un Crépuscule des Dieux en quelque sorte, le Walhalla [77] qui s’écroule... »

[73] Cette arme secrète fait penser aux armes secrètes allemandes élaborées pendant WW2 : V1 et A4 (= V2), sans parler du V3, construites, assemblées et protégées elles-aussi dans les entrailles de la terre (anciennes mines et carrières, ou sites spécialement creusés pour).

Voir par exemple les sites  http://ruedeslumieres.morkitu.org/espace_photos/ile_france/merry/index_carriere.html

ou http://usinedecaumont27.free.fr/v2caumontoxyliquid.htm. Et concernant le déploiement de cette arme V
http://l.bailleul.free.fr/les%20sites%20V1%20en%20Picardie.htm  ou  http://sitesv1du-nord-de-la-france.com/
http://pagesperso-orange.fr/aetius/mur/v1a.htm

[74] Les taubes, avions allemands pendant la première guerre mondiale.
[75] Comme aurait dit Brassens … mais « Gare au Gorille » (chanson de 1952) !
[76] Si est relativement bien connue la récupération des ingénieurs Allemands par les puissances Russes et Américaines  à la toute fin de la deuxième guerre mondiale, et qui leur permit de se lancer concurremment dans la conquête spatiale avant d’y lancer leurs engins (Werner von Braun étant le père de la fusée américaine), pour ce qui est de la France, on se reportera à l’ouvrage de Olivier Huwart (spécialiste des « échanges » entre la France et les débris du IIIe Reich) : « Du V2 à Véronique, naissance des fusées françaises » publié en 2002 chez l’éditeur Marines.
[77] Le Crépuscule des dieux (en allemand Götterdämmerung) est le quatrième des opéras qui constituent « L’Anneau du Nibelung » par Richard Wagner, dont la première fut donnée à Bayreuth le 17 août 1876. Dans la mythologie nordique, le Wahlalla y est le lieu où sont conduites les mânes des preux ; c’est le « paradis des héros ». Nul ne peut y entrer s’il est mort de maladie ou de vieillesse. Ne peuvent y accéder que les guerriers tués au combat, amenés par les Walkyries qui ont relevé leur corps sur les champs de bataille. Lorsque l’incendie du Wahlalla éclaire le ciel, c’est le crépuscule des dieux !

Hâtons-nous de « fouler à nouveau l’herbe verte des prairies, de humer la fraîcheur tendre des matins d’été, et la lourdeur entêtante des crépuscules … ».

Comme en écho, nous pouvons dire : Hâtons-nous de « fouler à nouveau les galeries obscures des carrières, de humer la fraîcheur humide de ces promenades souterraines, et la lourdeur entêtante de cet horizon restreint … ». Car, comme l’ont écrit Leslie et John-Paul Lepers dans « Sous Paris ça grouille » (opus cité) : « Il est 8 heures et demie ; dix heures que nous sommes dessous. Nous émergeons du côté de la porte de Vanves, près du périphérique. La ville, qui bourre à fond la caisse, me met K.O. ».

Ce que sous une autre forme écrivait déjà Paul Fassy (op. cit.) en 1861 : « Entrés à une heure un quart de l’après-midi dans les Catacombes, nous parcourions depuis près de deux heures leurs galeries sinistres. La respiration s’oppressait ; la curiosité étant satisfaite, on pensait au retour.

À trois heures et demie, nous retrouvions la lumière du soleil brillant alors de son mythique éclat, nous apercevions les arbres, nous entendions le bruit des voitures, nous revoyions des figures humaines, et, aspirant l’air pur à pleins poumons, nous sentions encore une fois le bonheur de vivre. »

Ou Pierre-Léonce Imbert en 1867 qui nous révèle : « Quand nous sortîmes, le matin à cinq heures, nous grelottâmes au milieu du brouillard qui s’étendait sur Paris » [78] ; où l’on constate que la peur des « gens d’armes » aidant, cette activité qui n’était pas encore illégale (il faudra attendre près de 90 ans pour cela et la guerre d’Algérie !), les amateurs des balades dans les anciennes carrières de Paris préféraient déjà descendre la nuit pour éviter de croiser la maréchaussée en surface !

Petite bibliographie succincte :

« L’Exposition minière souterraine au Trocadéro », in La Nature, p.100-102, par L. De Launay ;

« Le Monde souterrain à l’Exposition », in La Nature, p.22-25, par Édouard Alfred Martel ;

« Les Catacombes, étude historique », par Paul Fassy chez E. Dentu (1861) ;

« Les Catacombes de Paris », guide [79] de Pierre-Léonce Imbert illustré de vingt planches hors texte par Paul Perrey (1867), que l’on peut raisonnablement considérer comme son sous titre l’indique, comme le premier guide (à destinations des) cataphile(s) mis en vente sur le marché parisien ;

« Le Chercheur du BM 37 » (normal c’est « La Revanche de l’Ombre Jaune » qui se passe en partie sous Paris !) ;

« Le Fulmar » n°8, dossier spécial « Bob Morane / Henri Vernes », réalisé par Rémy Gaillart (2ème trimestre 1982) ;

« La Cité des Cataphiles (mission anthropologique dans les souterrains de Paris », par Barbara Glowczewski, et al. © Librairie des Méridiens (1983) / réédition ACP 2008 ;

« Le combat des cataphiles contre les cataclastes », par Jacques Chabert in Spelunca (numéro daté de juillet 1985) ;

         « 33 ans de Bob Morane », plaquette de 142 pages réalisée à l’occasion de l’exposition organisée par l’Association « Séries B », qui s’est tenue à Mons, dans les salons de l’Hôtel de Ville, du 10 au 30 novembre 1986 (© Séries B 1986)

[78] Avec cette précision scientifique : « Le thermomètre varia, pendant toute la durée de notre excursion, entre 11 degrés et demi et 12 degrés. »
[79] Un guide en tant qu’ouvrage littéraire, n’est-ce pas quelque chose que l’on est invité à suivre pour se faciliter l’approche d’un lieu, pour préparer une visite, qui donne des éléments essentiels à connaître ou à savoir pour faire, comme une espèce de vade-mecum ?!  

« L’Archipel des morts », par Jean-Didier Urbain (© Plon 1989) ;

« Bob Morane & Henri Vernes » de Jacques Dieu (© Glénat 1990) ;

« L’idiot du Voyage (Histoires de touristes) », par Jean-Didier Urbain (© 1991 Librairie Plon ; puis Petite Bibliothèque Payot / Documents 1993). Cf. ce qui concerne le Voyage immobile ou le Tourisme interstitiel ;

« La nuit de Londres ; chap. Four : la ville creuse » in la revue « Reflets (des aventures de Bob Morane) », HS n°3 (1992), p.50-54 ;

« Les dossiers de Phénix n°4 : Dossier Henri Vernes », sous la direction de Bruno Peeters (© Lefrancq 1996) ;

« Albert Plécy, hommes d’images » (© Actes Sud 1997) ;

« Henri Vernes, aventurier planétaire : les Morane père et fils » par Caroline Delage, dans L’Express du 09 août 2001 ;

« Atlas du Paris souterrain (la doublure sombre de la Ville lumière) », sous la direction de Alain Clément et Gilles Thomas (© Parigramme 2001) ;

« Ethnologue mais pas trop… (Ethnologie de proximité, voyages secrets et autres expéditions minuscules) », par Jean-Didier Urbain (© Petite Bibliothèque Payot 2003). Cf. le dernier chapitre (p.171-234) : « Les Catanautes des Cryptocombes, des voyageurs de l’immédiat », titre qui est une allusion au livre « los autonautas de la cosmopista » ;

« Derrière la caméra avec Jean Cocteau », de Claude Pinoteau (entretiens avec Monique Bourdin), (© Horizon illimité septembre 2003) ;

« Phénixologie » : recueil de photographies de Lucien Clergue prises lors du tournage, il y a près d’un demi-siècle, du film de Jean Cocteau « Le Testament d’Orphée » (190 pages, de photos [80] en Noir & Blanc accompagnées d’une légende succincte ; © Actes Sud, octobre 2003) ;

« Reportage : Descente aux catacombes sur les traces de Bob Morane », par Sun p.38-39, suivi de « Quelques données sur la topographie de la “balade”… » par Dan, p.40, in la revue « Reflets (des aventures de Bob Morane) », n°72 (4e trimestre 2004) ;

« Histoire d’Os et autres illustres abattis. Morceaux choisis de l’Histoire de France », par Clémentine Portier-Kaltenbach (© Jean-Claude Lattès 2007) ;

« Pierre Joubert : Signe de piste. Tome II. 1955-1962 », par Alain Gout et Alain Jamot (© éditions Delahaye 2007) ;

« Henri Vernes & Bob Morane, une double vie d’aventure », par Daniel Fano (© Le Castor Astral 2007) ;

« “Les Globe-Trotters”, ma grande aventure », par Edward Meeks (© Presses de la Renaissance mars 2008) ;

« Un Bob à la loupe : “Le temple des crocodiles” », par Liliane Lecomte in la revue « Reflets (des aventures de Bob Morane) » n°26 ;

« Un Bob à la loupe : “Formule X33” », par Étienne Boland in la revue « Reflets (des aventures de Bob Morane) » n°43 ;

« Un Bob à la loupe : “Les semeurs de foudre” », par J.C. Carbonel in la revue « Reflets (des aventures de Bob Morane) » n°56 ;

« Un Bob à la loupe : “Les semeurs de foudre” », par Guy Bonnardeaux in la revue « Reflets (des aventures de Bob Morane) » n°84 ;

« Collection: “Les semeurs de foudre” dans Pilote. Les illustrations de Pascal » n°75.

[80] Publié pour les quarante ans de la mort de Jean Cocteau, parmi d’autres événements, dont une exposition au Centre Georges Pompidou. Sachant que le tournage du film s’est déroulé en partie aux Baux-de-Provence (précisément au Val d’Enfer), dans les carrières souterraines monumentales de la région, il est normal de retrouver dans ce recueil un certain nombre de photos prises sous terre, avec des stars en liberté parmi lesquelles : Picasso, Jean Marais, Yul Brynner, Charles Aznavour, et tant d’autres … et bien sûr Jean Cocteau !

 

Un résumé des sites Internet ™ sur les carrières, Catacombes et autres centres d’intérêt :

http://geos1777.free.fr/  un site pour connaître l’histoire des carrières de Paris

http://www.explographies.com pour la cartographie du Grand Réseau Sud

http://www.titan.free.fr/  un site d’explorateur de carrières souterraines

http://catacombes.web.free.fr/  y voir et écouter les visites audio et vidéo

http://morthicia.cyberkata.org/paris.htm  le site d’une catafille évoquant LE cataflic en chef

http://www.anarchistecouronne.com   le site de Roland Michel Tremblay

http://ademas.assoc.free.fr/  pour programmer votre prochaine visite du métro de Paris

http://w3.teaser.fr/~aquintanar/ratp-img.html  pour voir des stations de métro fermées

http://lemog.fr  concernant la reconstitution de l’Exposition Universelle de 1900

http://www.ladyghost.com  le site incontournable sur l’Opéra Garnier (et ses sous-sols)

http://lefildutemps.free.fr/crue_1910/index.htm   tout sur la crue de 1910

http://www.bandedessinee.info/Jacobs-et-Malet.html   les mondes souterrains dans EP. Jacobs

http://emmanuelmailly.free.fr/marquejaune.htm  site de référence sur « SOS Météores »

http://www.lhermine.com/  pour les carrières et Catacombes de Paris dans la BD

http://royaumebobmorane.c-webhosting.org/  par Lord_Sturm@hotmail.fr

Remerciements :

La BiLiPo (Bibliothèque des Littératures Policières de la Ville de Paris) qui possède toute la collection des Bob Morane dans leurs diverses éditions et présentations (romans, BDs, études, etc.), dont le catalogue en ligne est : http://bspe-p-pub.paris.fr/Portail/Site/ParisFrame.asp?lang=FR

Hélène B. et Mireille S. (de la Ville de Paris) pour leur(s) relecture(s) indispensable(s).

Julian Pepinster de l’Ademas, association organisant entre autres des visites de stations fantômes du métro : des stations fermées pendant la guerre et jamais ré-ouvertes depuis, ainsi que des deux stations créées mais jamais ouvertes (voir http://ademas.assoc.free.fr/ pour plus de renseignements).

Ainsi que les précurseurs des cataphiles (scouts ou non), et les cataphiles photographes pour les photos mises gracieusement à disposition … tout comme Coria pour sa courtoisie et Gilles Dubus, auteur de l’indispensable « Encyclo BM », pour sa disponibilité… et le fameux Dan pour les divers hébergements (virtuel comme réel) … ainsi que sa patience.

 

Article ayant été pensé entre les deux mégapoles que sont Paris et Montréal.

« Ils ont réussi parce qu’ils ne savaient pas qu’ils ne pouvaient pas réussir…» dixit René Philippe, père de « Sylvie hôtesse de l’air ». (special dedicace to Vivianne Perret )

Signé : « Le rat du mont Royal » autrement dit : Gaspard de Montréal

(en hommage à Gaspard de Montfermeil alias Philippe Noiret, chef des « philosophes ravageurs »)

« 1,85 mètre, 85 kilos, grand, beau, costaud, des yeux gris d'acier. Indépendant, un peu non conformiste, prêt à secourir la veuve et l'orphelin, l'orpheline, de préférence », quelqu’un qui, grâce au commandant Morane, comme des milliers de jeunes autres lecteurs, a définitivement enrichi son vocabulaire du mot « nyctalope » ; ce qui est infiniment plus riche et plus glorieux, mais aussi plus difficile à caser dans une conversation courante qu’un autre « Nique ta … », formule répétée à satiété par une génération perdue. Depuis, comme des centaines de cataphiles, j’ai re-découvert Paris la ville-capitale par excellence, et j’ai appris à l’apprécier, particulièrement la nuit.

 

« C’est beau une ville la nuit » ... et spécialement Paris !

 

                                                                                                                                                Une rue pavée dort

                                                                                                                                                        Nous sommes au matin

                                                                                                                                                                Personne n’est dehors

                                                                                                                                                        Ils ne sont pas malins

                                                                                                                                            (Francis Wolinski ; Rueil-Malmaison)

 

Annexe (merci à miss Béa pour ses infos en direct ligne de l’INA)

 

Dates de diffusion des épisodes de Bob Morane (sur les 26, Robert Vernay en a tourné 20, tandis que Raymond Bailly et J.P. Malfille se sont partagés le reste à égalité : 3 épisodes chacun). Ces épisodes ont été diffusés à 14h45, puis à partir du 19 septembre à 16h35. Malheureusement, il n’y a pas plus d’informations dans les notices, le dépôt légal de l’INA n’existant que depuis 1995.

 

Diffusion à 14h45

28.03.1965    Le cheik masqué (1 - DVD1)

04.04.1965    Rafale en Méditerranée (2 - DVD1)

11.04.1965    Le témoin (3 - DVD1)

18.04.1965    Le prince (4 - DVD1)

25.04.1965    Le tigre des lagunes (5 - DVD1)

02.05.1965    Le club des longs couteaux (2 - DVD2)

09.05.1965   La galère engloutie (6 - DVD1)

16.05.1965    Le démon solitaire (1- DVD2)

23.05.1965   Complot à Trianon (3 - DVD2)

30.05.1965    La voix du mainate (4 - DVD2)

06.06.1965    Echec à la main noire (5 - DVD2)

13.06.1965   Les semeurs de foudre (6 - DVD2)

20.06.1965    La vallée des brontosaures (7 - DVD2)

27.06.1965    Le Temple des crocodiles (1 - DVD3)

Changement d’horaire : 16h35

19.09.1965    Mission pour Montellano (2 - DVD3)

26.09.1965    La cité des sables (2 - DVD4)

03.10.1965    La rivière de perles (7 - DVD4)

10.10.1965    Le lagon aux requins (3 - DVD3)

17.10.1965    Mission à Orly (5 - DVD4)

24.10.1965    Le gardian noir (4 - DVD4)

31.10.1965    L’héritage du flibustier (1 - DVD4)

07.11.1965    Les joyaux du Maharadjah (3 - DVD4)

14.11.1965    La fleur du sommeil (4 - DVD3)

21.11.1965    Le Camion infernal (6 - DVD4)

28.11.1965    Les forbans de l’or noir (5 - DVD3)

05.12.1965    Le dragon des Fenstone (6 - DVD3)

 

Post-Scriptum (comme quoi il fait bon de temps en temps remonter à la surface !) :

Merci à JLL pour son coup de fil inattendu du 31 décembre 2008 pour me parler de Bob Morane, des catacombes de Paris et autres carrières souterraines, autrement dit de la revue « Reflets » reçue par son collègue de bureau. Encore une preuve que « The world is not enough » pour notre ami Bob Morane, dont la Terre est le terrain de jeu grandeur nature favori ; plutôt que de perdre du temps à essayer de contacter des moraniens aux « quatre coins » de notre globe, même via l’usage immodéré des courriers électroniques, il suffit parfois d’aller sonner à la porte de son propre voisin de palier. Ce qui non seulement conforte la théorie des Six degrés du professeur Stanley Milgram (Université de Columbia), mais donne encore plus de poids au calcul probalistique de Martin Gardner : la probabilité que 2 personnes sur une populations de 50 millions d’habitants, soient reliés par une chaîne de deux autres personnes est de 99%. Si seuls des polytechniciens peuvent comprendre ces subtilités mathématiques, cela tombe bien puisque le commandant en est un.

Bonne année 2009 à tous, Moraniens, Moranophiles ou Moranomaniaques ! Et en cadeau de nouvel an, ces deux boni : deux photos (de Morane et Ballantine) prises dans des carrières souterraines. La première à Loches (Indre et Loire) … dessin datant de janvier 1941, donc précurseur de Henri Vernes (© JeFF Weiss), et la seconde prise véritablement lors de mon passage à Paris (sous Paris) durant l’été 2008, découverte totalement fortuite, comme quoi le hasard … bon d’accord ce n’est pas du Zat77.


                                                                                   
                                          Dessin original 2 de Serge Paquot , d’après une photographie de Emmanuel Gaffard .                   



 
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